L'Afrique de l'Ouest paie un lourd tribut à l'expansion des activités illicites qui a émergé ces dernières années et qui occasionnent un important manque à gagner aux caisses des Etats. C'est en moyenne 50 milliards de dollars (plus de 26 000 milliards de FCFA) qui échappent chaque année aux radars des autorités et régulateurs économiques par le fait des trafics de tout genre, et qui sont transférées en toute illégalité vers l'Europe ou ailleurs dans le monde.
C'est là, la conclusion du rapport que vient de rendre public conjointement l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque africaine de développement (BAD), sur les « flux financiers illicites, l'économie du commerce illicite en Afrique de l'Ouest ».
Selon le rapport, les pays ouest-africains deviennent de plus en plus vulnérables au point où la distinction entre "licite" et "illicite" est devenue assez floue du fait que des communautés entières peuvent dépendre du commerce illicite. Des secteurs entiers de l'économie sont ainsi pris en otage par le règne de l'illégalité notamment le secteur agricole, les échanges frontaliers ou l'exploitation des ressources naturelles.
« La seule sous-région de l'Afrique de l'Ouest, sur laquelle se concentre ce nouveau rapport, verrait ainsi lui échapper 50 milliards de dollars américains tous les ans, selon les estimations. Ce sont autant de ressources financières que les pays concernés ne peuvent mettre à profit de leur développement ou de leurs investissements domestiques ».
En plus du manque à gagner pour le développement et les investissements pour les pays ouest africains qu'engendrent ces flux financiers illicites (FFI), les activités illicites ou criminelles causent d'autres pertes financières du fait de leur répercussion sur l'économie, la sécurité et le développement.
D'après les auteurs du rapport, par exemple, « dans les zones agricoles, cela peut être l'exploitation illicite des ressources forestières ou le travail forcé qui alimente certaines industries, comme la production de cacao ». C'est le cas aussi de la pêche illégale, de la contrefaçon ou encore du trafic de faune sauvage.
En matière de commerce, le document a aussi relevé que l'essentiel des produits contrefaits et de qualité inférieure importées en Afrique de l'ouest sont introduits astucieusement dans les flux commerciaux légitimes en direction des pays de la région. « Les ressources limitées de l'Etat, la corruption endémique des autorités portuaires et le manque de capacités pour réaliser des inspections physiques des conteneurs produisent un environnement favorable à la contrebande » poursuit le rapport qui pointe du doigt, à ce sujet, "la Chine comme « principal pays source d'articles contrefaits et de qualité inférieure".
« Les Emirats arabes unis, Hong Kong et la Chine servent de points de transit vers les marchés ouest-africains qui, eux-mêmes, servent de points de transit vers d'autres pays du continent » lit-on dans le rapport qui fait également cas de l'ampleur d'autres fléaux comme le trafic de cannabis ou des êtres humains, les enlèvements avec demande de rançon ou la cybercriminalité.
Source: La Tribune.fr