Et si l’avion de demain était une voiture ? C’est ce qui pourrait se produire si l’Aeromobil est mise en vente à partir de 2020. Ce véhicule, conçu par une société slovaque, peut se transformer en avion en appuyant sur un simple bouton. Sa silhouette aux couleurs criardes et ses ailes rétractables ont été exposées lors du salon mondial de l’aéronautique au Bourget, du 19 juin au 22 juin.
À mi-chemin entre Transformers et le bolide truffé de gadgets de James Bond, l’Aeromobil n’a pas été conçue pour se sortir des embouteillages en un clic. La voiture prend trois minutes pour se transformer en OVDI (Objet volant difficilement identifiable) et il faut avoir gardé une vitesse de plus de 112 km/h sur une distance de 400 mètres. “L’idée est de l’utiliser depuis un aérodrome privé, puis d'effectuer son trajet en volant avant d’atterrir et finir sa course en roulant”, explique Stefan Vadocz, porte-parole d’Aeromobil.
Pour geeks "m’as-tu-vu"
Depuis le premier prototype, sorti en 2013, le véhicule a déjà effectué plusieurs vols avec succès, dont l’un au-dessus de la mer Adriatique. Le tout nouveau modèle, présenté pour la première fois deux mois avant le début du Bourget, peut franchir une distance de 750 km sans avoir à se poser. “Il est presque possible de relier Paris à Marseille en un vol”, s’amuse Stefan Vadocz. Le tout en un peu moins de trois heures puisque l’Aeromobil peut atteindre une vitesse de croisière de 259 km/h en vol et 160 km/h sur la route.
Malgré la promesse alléchante d’avoir son propre avion, cette voiture d’un nouveau genre n’est pas pour tout le monde. Le prix est compris entre 1,2 million et 1,5 million d’euros car “vous achetez deux moyens de transport en un”, justifie Stefan Vadocz. Les familles peuvent aussi passer leur tour puisqu’il n’y de place que pour deux personnes. Enfin, il est nécessaire d’avoir sa licence de pilote privé - 40 heures de cours - avant de prendre la route.
L’Aeromobil vise donc, en priorité, de riches geeks plutôt “m’as-tu-vu”. Ils ne se bousculent pas encore au portillon. Le constructeur accepte déjà les précommandes, mais pour l’instant il y a seulement “beaucoup d’intérêt à travers le monde”, concède Stefan Vadocz.
En attente de certification
Difficile d’être parmi les premiers à acquérir un tel véhicule qui n’a actuellement aucun équivalent. Le groupe tente de rassurer sur le sérieux de sa démarche, notamment en mettant en avant l’équipe de spécialistes rassemblés autour du projet. Des ingénieurs venus de chez BMW ou McLaren y côtoient des anciens de l’ESA (Agence européenne de l’espace) et d’autres qui ont travaillé pour Boeing.
Un gage de sérieux qui peut paraître insuffisant pour une voiture hybride qui n’a pas encore reçu de certification. “Ce modèle a été construit dans l’optique d’être conforme aux normes européennes en vigueur”, assure Stefan Vadocz. La société va soumettre sa demande dans les mois qui viennent pour savoir si elle a la bénédiction européenne dans la catégorie des avions de moins de 1 000 kg. “Il y a 400 normes à respecter pour espérer obtenir cette certification”, souligne le porte-parole. C’est le dernier obstacle. Une fois franchi, il espère que les riches indécis vont enfin se laisser séduire.